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jeudi 24 décembre 2015

Une histoire de pêche: Fleurette, va chercher!

                                                                           


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Histoires de pêche
La nature a depuis toujours exercé un attrait et une curiosité qui anime nombre d’individus. Elle a encore ses mystères, comme le cycle de régénération des forêts, par exemple. Ou pensons à l'extraordinaire sens de l'orientation du saumon de l'Atlantique qui vient frayer dans sa rivière natale. Les histoires d’amitiés aussi entre humains et animaux sont légion. Chiens, chats, loups renards, lapins, pour ne nommer que ceux-là, font partie de l'ordre de la nature.

La communication qui s'installe entre ces deux règnes devient extraordinaire. De voir un enfant s'amuser avec un dauphin ou un pélican aiguise davantage notre sens des « relations humaines » et nous pousse à croire que la nature a encore ici des mystères bien fascinants.
Jimmy, jeune adolescent rouquin et bâti comme un joueur de football, adorait la nature et dirigerait plus tard ses études en ce sens. Il s'était épris d'amitié pour... une tortue! Elle s'appelait Fleurette.

Tout l'été, il l'apprivoisa petit à petit. Il connaissait son horaire, ses trajets et ses aventures amoureuses. Il avait pris soin de noter ses heures d'arrivée et de départ, lui offrait quelquefois un peu de laitue ou de viande qu'elle refusait toujours. Au bout d'un certain temps, Fleurette se laissait approcher sans trop de mal quand Jimmy la surprenait traversant la plage pour se rendre à l’eau. C'était un reptile aux magnifiques couleurs qui faisait près de huit pouces de diamètre.
Jimmy prenait grand soin de sa tortue et se gardait bien de la laisser en captivité. Il préférait observer sa Fleurette dans son habitat naturel, et c'est bien là ce qu’elle semblait apprécier.

Un après-midi du mois de juillet, des amis qui revenaient de la pêche aperçurent Jimmy en pleine conversation avec sa tortue. L'un deux lui demanda :
— tu penses qu'elle comprend ce que tu lui dis?
— Bien sûr qu'elle comprend, ma tortue; elle me connaît bien maintenant, répondit Jimmy.
— On devrait l'amener à la pêche avec nous, risqua un autre des compagnons, on prendrait peut-être plus de poissons!
— Quand j’aurai fini de l’entraîner, avança Jimmy en riant, elle ira à la pêche pour moi!
— Ouais, mais en attendant, elle a pas l'air trop pressée de se rendre à l'eau, lui lança son ami.
— Elle est timide et puis elle vous connaît pas, répondit Jimmy.

Dans l'embarcation, une chaudière contenait quelques petites perchaudes encore bien vivantes. Produit d'une pêche tout ce qu'il y a de plus ordinaire, mais qui avait permis aux pêcheurs de ne pas revenir bredouilles. Un des amis en empoigna une délicatement, sans se faire piquer par la nageoire dorsale, la tendit vers la tortue en lui disant : « En veux-tu? »

Mais le reptile ne semblait pas apprécier ce menu de choix.

— Tu connais rien à ma tortue, t'approche pas trop, tu vas l’effrayer. Tiens plutôt, donne-moi ton poisson, je vais te prouver qu'elle me connaît.

Intrigués, les pêcheurs observaient Jimmy en riant.

— Tu te fais des «accroires››, elle te connaît pas plus ta tortue, lui lança son ami.
Jimmy s'approcha de la tortue avec son poisson et le lui fit renifler comme on le fait avec un chien. Comme la tortue poursuivait son chemin vers le lac, Jimmy lança la perchaude à l'eau de toutes ses forces et cria :
— Fleurette, va chercher! Va chercher le poisson! Bonne Fleurette va, va chercher!

La tortue poursuivait son petit bonhomme de chemin pendant que Jimmy et ses copains se bidonnaient. Ils riaient de bon cœur, à s’en décrocher les mâchoires et oubliaient la tortue qui
disparaissait sous l'eau. Tous se tenaient contre la chaloupe, se racontaient leur journée, le poisson qui n'avait pas mordu, et le soleil qui était trop chaud.

Au bout d’un bon moment, Fleurette réapparut. Elle marcha péniblement sur le sable blanc de la plage et semblait se diriger vers Jimmy. Elle tenait fermement entre ses mâchoires... une
perchaude qui se débattait vigoureusement...!

D'un ton prétentieux, mais qui ne cachait pas une certaine stupéfaction, Jimmy cria :
— Whoa! Je vous l’avais dit qu'il fallait savoir comment s'y prendre! Je l'ai bien apprivoisée à votre goût? Bonne Fleurette va, bonne Fleurette...
— Hé, c’est un coup monté, ça! C’est toi Jimmy qui nous joue un tour...
— Juré, craché!  J'en reviens pas moi-même!

Les types se mirent d’accord devant le fait accompli. La tortue avait bel et bien rapporté le poisson... Mais il n'y avait que Jimmy qui jurait reconnaître la perchaude : « C’est la même
disait-il, c'est la même. C’est celle-là que je viens de lancer… »

  Daniel Lefaivre
Blogue de pêche


mercredi 2 décembre 2015

Vous aimez les leurres de pêche de collection?

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Vous aimez les leurres de pêche de collection?

Moi oui! Une cuillère « Finding Nemo », un leurre avec une pin up Old Milwaukee et tout récemment, des cuillères Williams W50 estampées du centenaire de finitions : or 24 carats, argent véritable, cuivre et ½ & ½ or et argent. Les leurres sont de traditionnels Wablers dans les finitions métalliques classiques qu’on connaît déjà, à la différence qu’elles sont dotées de l’estampillage du logo commémoratif 1916-2016.


 Il existe des leurres de pêche qu’on n’ose pas utiliser, ils deviennent des joyaux, des pièces de collection qu’on prend plaisir à chérir jalousement.  En suspendant le cours de leur vie, vous les déposez dans un écrin de velours ou dans un ancien modèle de coffre de pêche dont vous seul connaissez l’emplacement secret. Vous vous imaginez aussi, quand vient le moment de replonger les yeux dans vos souvenirs, quel trophée de pêche pourrait bien vous surprendre en mordant à un tel leurre! Et vous imaginez sans trop d’efforts les histoires de pêche que vos leurres devenus bijoux pourraient vous procurer!

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Mais vous ne souhaitez surtout pas que vos rêveries se transforment en cauchemar, car vous savez que c’est en plein le genre de leurres de pêche qu’on ne voudrait surtout pas perdre bêtement au fond de l’eau! Vous vous imaginez, la ligne tendue, donnant du fouet, martelant votre canne dans l’espoir que les hameçons abandonnent leur mordant sur une pointe rocheuse ou pire, bien ancrée dans ce que vous croyez être un tronc d’arbre submergé. Et après de longues minutes, à force de saccader la cadence, vous allez abandonner, votre mono filament va finir par céder avant vous. Quoi? Perdre au fond de l’eau ma Williams 24 carats? Ça ne va pas non? Et vous vous réveillez subitement, vous réalisez que vous êtes en train de polir ce leurre si précieux! Vous pensez au calcul des probabilités, que peut-être un jour, dans un magnifique lac profond, lors d’une occasion spéciale vous utiliserez ce leurre spécial pour prendre le poisson de vos rêves.

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Il y a de fortes chances que j’utilise une telle Williams avec l’objectif de capturer un gros doré ou une belle grise. Imaginez, un poisson record avec un leurre mémorable!

C’est afin célébrer ses 100 ans que Williams lance pour la période des fêtes un ensemble commémoratif de 4 pièces gravées, incluant un livret historique. Au dos de l’emballage, un code d’accès vous permet de participer au tirage de 10 coffrets en bois contenant une collection de Wabler en or de 24 carats.


10 pêcheurs chanceux vont remporter l’un des coffrets numérotés contenant des
souvenirs de l’histoire de la pêche canadienne. Le boîtier comprend une sélection de Wabler W10 à W70 gravés plutôt qu’estampés et plaqués en or 24 carats pour reconnaître la part qu’a jouée la ruée vers l’or du Klondike en 1896 dans les débuts de la famille Williams.

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Une bonne suggestion cadeau pour les fêtes, cet ensemble de cuillères Williams gravées pour célébrer le 100e anniversaire. Au dos de l’emballage, un code d’accès vous permet de participer au tirage de 10 coffrets en bois contenant une collection de Wabbler en or de 24 carats!







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10 pêcheurs chanceux vont remporter l’un des coffrets numérotés contenant des
souvenirs de l’histoire de la pêche canadienne.









Daniel Lefaivre
Parlons pêche, blogue de pêche






dimanche 15 novembre 2015

La corde à linge

#flushgate  #fleuvegate  #eauxusees  #shitbucketchallenge Daniel Lefaivre, blogue de pêche, pêche Montréal, Street fishing
On a bien le droit de se rincer l’œil et les idées en admirant cette portion 
du lac de St-Faustin-Lac-Carré.
La corde à linge

Le « Street Fishing », vous connaissez? C’est une belle expression de nos temps modernes pour illustrer qu’il est possible de pêcher aux abords de l’île de Montréal en utilisant ses jambes, un vélo ou les transports en commun. Plus besoin d’aller à Kuujjuaq dépenser la valeur d’une auto neuve pour un séjour de pêche, on n’a qu’à pratiquer le « Street Fishing » dans le fleuve au sud, dans un lac à l’ouest ou dans une rivière au nord. Et ça mord! La qualité de pêche est surprenante et le poisson est consommable.

 Il est juste un peu plus malaisé de revenir avec ses prises dans le métro, mais ça, c’est une autre histoire! Parce qu’avec la pêche en ville, vient son petit côté écolo où il est tellement plus sain pour l’environnement et l’écosystème de remettre ses prises à l’eau. Alors je prendrai un egoportrait de moi d’abord et de mon doré ensuite en arrière-plan. Et je me « câllerai » une pizza pour dîner, après tout, je ne suis pas au fond des bois, je suis en ville, je fais du Street Fishing! Quelle belle expression!

À 14 ans, au début des années soixante-dix, nous avions aussi mes amis et moi, développé une expression tout aussi sympathique à la pêche. « La corde à linge » faisait partie de notre vocabulaire à chaque sortie de pêche.  –Attention à la corde à linge, fais gaffe, la corde à linge, oh non, prends garde, la corde à linge! Je ne parle pas de la corde à linge faite à Richard Zednik en 2007 par Kyle McLaren, mais elle fait aussi mal!

Notre lieu de prédilection était aux abords de la Rivière-des-Prairies, juste en amont du barrage hydro-électrique de la rivière, bien avant que cela devienne un sanctuaire de pêche.  Comme nous rêvions de pêcher  au nord du 49e parallèle, à cette époque, on l’appelait le barrage Gouin, ce qui lui donnait un air pompeux et éloigné! Notre technique était fort simple, un jig à poil de chevreuil jaune (Buck tail) de ¼ d’once qu’on lançait le plus loin possible dans le courant créé par le barrage et qu’on ramenait à toute vitesse de peur d’accrocher notre leurre au fond de l’eau, car cet endroit n’est constitué que de grosses pierres, pièges mortels pour nos précieux leurres.

Et il était là le danger. Avec la puissance du courant, dès qu’un jig criait au secours déprenez-moi, j’ai la cheville et l’émerillon de coincés, notre fil de pêche bien tendu devenait un filet qui attrapait tout ce que le courant amenait.  Et c’est là qu’on se ramassait avec une « corde à linge ». Pas un centimètre de notre monofilament n’était dénudé. Alors en soulevant notre canne au-dessus de l’eau, une gigantesque guirlande de papier hygiénique, de condoms, de serviettes sanitaires, de nouilles à spaghetti et d’étrons faisait osciller notre canne.  Il n’y avait plus rien à faire, le fil de pêche allait céder d’une seconde à l’autre. Mais parfois, tous ces détritus étaient tellement lourds qu’il fallait prendre garde de ne pas briser notre canne quand on soulevait cette corde à linge. C’était notre hantise, pas question de toucher à mains nues à cette merde!

Et notre fil finissait par rendre l’âme. On le voyait partir dans le courant emportant avec lui son amas de souillures comme une robe de mariée qui vole au vent un dimanche après-midi quand il se fait voyeur.

Faut dire qu’à cette époque, nous pêchions dans des égouts à ciel ouvert et que les usines d’épuration n’étaient que maquettes avec des politiciens qui se faisaient fièrement prendre en photo. Et je ne vous parle pas de l’odeur nauséabonde pour un pêcheur à gué, je vous laisse sentir par vous-même… Bref, nous pêchions dans une fausse septique sans le savoir!

On nous promettait de l’eau pêchable, baignable et même potable! Alors à 14 ans, quand ta bicyclette à poignées mustang ne t’amène pas plus loin que le bout de l’île et que tu aimes pêcher, sans vraiment savoir ce que c’est qu’une nature non contaminée, alors tu pêches quand même…et tu manges le poisson, sans trop savoir… Ben quoi, si la barbotte est vivante et qu’elle a  une belle chair rose…c’était notre vision scientifique de l’époque…

On a beaucoup progressé depuis. Beaucoup. Les usines de filtration font des miracles. La qualité de l’eau n’est pas comparable à cette époque. On a découvert d’autres expressions comme le développement durable, des centres d’enfouissements et combien de termes réconfortants comme « récupération ». Mais allez voir par vous-même, l’eau de la Rivière-des-Prairies est plus propre que ses rives. Parce que certains comportements ne changent pas. Fil à pêche, emballages de leurre, de cigarettes, cannettes et bouteilles, chaise pliante brisée, contenants et ordures de toutes sortes longent le sol à profusion.

On est passé de matières fécales à matières environnementales. Juste des mots. Juste des expressions. On n’est pas loin de la corde à linge.

Quand j’ai entendu tout ce que qui s’est dit sur le déversement de 8 milliards d’eaux usées dans mon fleuve et quand j’ai vu une photo avec des préservatifs et serviettes sanitaires flottants à la dérive, ça m’a bouleversé. Et vous savez quoi? On a même osé faire un avis :

« La Ville demande d'ailleurs aux citoyens de ne pas jeter dans les toilettes des objets comme des tampons, des condoms, des cure-oreilles, du fil dentaire ou des huiles de cuisson. »* (La Presse.ca, 10 novembre 2015)

Moi qui croyais que jeter ses ordures aux toilettes était chose du passé! Moi qui croyais que nous avions développé une conscience collective environnementale et que ces pratiques n’existaient plus depuis quarante ans…  

En 2015, on fout ces trucs-là dans nos cabinets? Innocemment, je croyais que nos usines de filtration avaient été conçues pour purifier l’eau des déjections humaines et quelquefois chimiques, l’eau de pluie qui emporte avec elle un peu de boue impropre, salée en hiver, mais pas à ce point-là…

Et puis je me demande, parmi tous ceux et celles qui ont décrié le déversement, qui ont signé des pétitions, qui se sont gargarisés sur le sujet, qui se sont époumonés oh combien cela est scandaleux, combien parmi ces citoyens à la conscience élevée, combien parmi ceux-ci jettent encore préservatifs, produits sanitaires et restes de spaghetti aux toilettes? Honnêtement?

Vous allez m’excuser, je dois aller vider mon huile à tondeuse dans le « canal » en face de chez moi.


Daniel Lefaivre     ><((((º> ·° ºoO 


mardi 3 novembre 2015

Une histoire de pêche imprévue!

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Combien de bonnes anecdotes j’ai pu entendre en croisant des pêcheurs! Combien de fois me suis-je émerveillé à entende des histoires vraies, mais invraisemblables! Le genre d’aventures qui n’arrivent qu’une fois dans une vie! Encore la semaine dernière un prénommé Jean-Marc qui en a profité pour me montrer des photos d’un maskinongé d’une quarantaine de livres pris dans la rivière des Mille-Îles en pêchant l’achigan avec un petit Rapala, me racontait qu’en ratant son lancer à la mouche, il a capturé un achigan de quatre livres!  La mouche est allée se déposer loin derrière le pêcheur, juste au bord, dans un pied d’eau! Devinez la suite,  croyant que sa mouche venait de se planter solidement dans une planche du quai,  il a récupéré délicatement sa soie jusqu'à ce qu’il réalise que la planche du quai était vivante et s’enfonçait à toute vitesse sous les flotteurs! « Le lancer raté le plus impressionnant de ma carrière de moucheur! » m’a-t-il précisé.

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Toujours sous le chapitre des plus folles histoires  de pêche, me vient souvent en souvenir une pêche aux brochets inattendue avec mon frère André, oui oui, celui des miracles de l’Oratoire! Car on l’appelle comme ça, mon frère, le Frère André! Alors que tout le matériel était bien installé dans la chaloupe aux quatorze très petits pieds, un vilain doute venait de m’envahir; devrions-nous aller sur le lac par un temps pareil avec des vagues qui venaient de s’intensifier? Le vent soudain approchait les 70 km/h et le ciel n’annonçait rien de bien encourageant.  J’ai donc dû prendre une grande décision qui allait sans doute décourager mon invité, mais en tant que capitaine du navire, je me voyais mal crier « les femmes et les enfants d’abord » en situation d’urgence! 

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J’ai donc annoncé la mauvaise nouvelle à mon frère en lui disant qu’avec un temps pareil, il nous serait impossible de pêcher, de toute façon.  Au lieu d’être catastrophé par ma décision, il jubilait et allait justement me proposer de remettre notre partie de pêche à un autre week-end.  Il avait compris qu’il aurait été très imprudent de s’aventurer sur un lac qui était de mauvaises humeurs, voire même en colère!
Alors je lui ai proposé de tenter notre chance juste à côté de l’embarcation, directement sur le quai, en toute sécurité. Même si nous avions du mal à rester en équilibre sur le quai principal qui se faisait chalouper par les vagues, les divers embranchements au quai principal, eux, créaient une accalmie réconfortante. On pouvait même y voir les algues qui tanguaient au gré du courant. Alors nous n’avions qu’à faire quelques lancers entre les quais, juste pour s’amuser!  Juste pour se donner l’impression que la journée n’était pas perdue complètement.

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Comme quoi le ridicule ne tue pas puisque nous étions quelque gênés de savoir qu’on pouvait nous observer pêchant à côté de notre embarcation!  Après tout, pêcher sur un quai, c’est pour les enfants!
Quel souvenir! Onze brochets de belles tailles ont répondu à l’appel en moins de deux heures de pêche! De l’action sans arrêt si on calcule tous les poissons mal ferrés qui se sont enfuis par la porte arrière en se réfugiant sous les quais ou en cherchant à nous déjouer en se faufilant dans les câbles! Un scénario impensable, une sortie à l’eau qui se transforme en pêche miraculeuse!  
Quelle journée! Un ami de la pourvoirie nous a même gentiment proposé de nous faire quelques beaux filets de brochets. Et un retour à la maison en pleine forme, surtout pas épuisés, quelques heures de pêche sur un quai n’est jamais aussi éreintant qu’une grosse journée en chaloupe!
Depuis ce temps, je ne peux m’empêcher de faire quelques lancers avant et après chaque sortie de pêche quand je me retrouve sur un quai!  On ne sait jamais!

Et puis tant pis pour ceux qui croient que pêcher sur un quai, c’est pour les enfants!

Daniel Lefaivre


Blogue de pêche      ><(({°>





samedi 10 octobre 2015

C’est moi le plus fort à la pêche

                                                                          


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C'est l'histoire du macho qui souffrait d'un horrible mal de dos. Tellement qu'il avait retardé sa partie de pêche d'une journée parce qu'il était incapable d'installer son moteur de 10 forces sur son embarcation. Les deux hommes qui l'accompagnaient n'étaient pas des athlètes, mais ils auraient très bien pu parvenir à mettre le moteur en position. Mais il s'agissait d'un moteur tout neuf et son propriétaire refusait catégoriquement qu'une autre personne s'acquitte de cette tâche.

La veille, les deux pêcheurs avaient été obligés de louer une petite chaloupe et de ramer toute la journée. Le « proprio-macho » ne leur avait pas permis d'utiliser son embarcation, défendant farouchement ses biens.

-C'est moi qui vous ai invités à la pêche, disait-il, vous m'accompagnerez quand je me serai remis de mon mal de dos. Pour l'instant, débrouillez-vous, mais ne touchez pas à mes affaires...

Aujourd'hui, le proprio ne se portait pas tellement mieux. En faisant une petite marche de santé, il avait remarqué que le chalet voisin était occupé par des dames, mais alors là, pas vilaines du tout. La conversation s'engagea et les « pêcheuses » avaient hâte de découvrir le lieu de prédilection tant vanté par le proprio-macho et dont lui seul connaissait l'emplacement. Il
revint de sa petite promenade en marchant le corps droit et très lentement. Bien entendu, il n'avait certainement pas parlé de sa faiblesse au dos à ces dames.

En arrivant au camp, il expliqua à ses compagnons qu’il était grand temps d’installer le moteur hors-bord, car allez hop, ces dames allaient l'accompagner, de l'autre côté de l'île, à son meilleur spot.

— Et nous là-dedans? avait demandé un des compagnons.
— J’veux pas vous voir! avait répondu le proprio. Arrangez-vous comme vous voulez, moi je pars tout seul... avec ces charmantes dames...
Son compagnon s'avança vers lui, afin de lui donner quand même un coup de main pour transporter le précieux moteur.
— Pas question, avait-il répondu, je suis capable tout seul, j'suis assez fort...
— T'tention à ton dos, lança un des pêcheurs.
— T'inquiète pas, répliqua le proprio devant les dames, c'est moi le plus fort...

Le proprio quitta le quai et descendit dans l'embarcation en dissimulant avec peine une grimace de douleur. Décidément, son dos n'était pas mieux aujourd'hui. Il saisit l’engin et déposa le moteur en le déposant sur le banc arrière. La douleur au dos se manifesta avec violence, mais le proprio tenait à cacher cette petite défaillance devant les dames qui préparaient leur ligne.

Dans un dernier et violent effort, il saisit le moteur, le passa au-dessus de l'eau par l'arrière de l’embarcation, vint pour aligner les guides avec la plaque d'arcasse et, croyant le tout en
position, il lâcha prise, ne pouvant d'ailleurs tenir plus longtemps, tellement la douleur au dos était atroce.

Mais le tout s'avéra fort mal aligné, et quand il lâcha prise, le moteur cogna contre l’embarcation et... coula à pic au fond de l'eau...

Curieusement, jamais le proprio-macho n'admit cette version des faits...

— C'est à partir de ce moment-là, disait-il, c'est quand j’ai échappé le moteur, quand le moteur est tombé au fond de l'eau, que je me suis donné un tour de reins... insistait-il.

Plus tard, deux couples pêchaient dans une petite chaloupe louée et propulsée avec des rames.
Le proprio-macho lui, soignait maintenant une petite blessure au dos et une autre très grosse aux confins de son amour-propre.

Au loin, on pouvait entendre les femmes s’esclaffer. Un des pêcheurs imitait quelqu’un.

— C’est moi le plus fort…  Pouvait-on distinguer dans l’écho.

Daniel Lefaivre


mercredi 5 août 2015

Pêche à la perchaude Lac Memphrémagog

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Quel bonheur de pêcher la perchaude quand les vagues sont trop fortes pour une petite embarcation sur le Memphré!
Un 3 août au bout du quai, utilisant la technique du drop shot avec lancers éloigés a donné d'excellents résultats!
Les perchaudes ont été dégusté en filets, avec avec une petite panure...un pûr délice! Technique utilisée: Drop shot de 1/2 once avec hameçon no 4 Owner Cutting Point (SSW) noué à 24 pouces (61 cm). Et un lombric coupé en deux pour économiser les 18 vers dont le prix augmente à chaque année! Si on compare, on pourra dire qu'un petit contenant de vers coûte plus cher au poids qu'un bon steak!






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Avec cette même technique, j'ai capturé bon nombre d'achigans, sans montage particulier, si ce n'est qu'un bout de vers destiné à la pêche à la perchaude.












Pour en savoir plus sur diverses techniques et réflexions, je vous invite à lire:
http://daniel-lefaivre.blogspot.ca/2014/04/menage-du-coffre-et-examen-de-conscience.html
ou encore, pour développer l'instinct du pêcheur:
http://daniel-lefaivre.blogspot.ca/2013/07/comment-developper-linstinct-du-pecheur.html




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Et pour la pêche au Québec, avec le plaisir de pratiquer la remise à l'eau!








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dimanche 12 juillet 2015

Drôle de moineau à la pêche

                                                                                

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« Des fois, je me demande si j’aime réellement la pêche. D'autres fois, je me demande si c'est pas plus la nature qui me fait vibrer plutôt que de tenir un manche de ligne et de rester planté là, des heures durant, à me confondre avec le paysage. La nature, c'est mon bag, j’ai ça dans la peau. C'est pour ça que je me suis acheté un 4 x 4, pour m'évader encore plus loin. Et puis je me fous pas mal de mon voisin qui pense me voir plus souvent à la crèmerie que dans le bois. Ça me dérange pas vraiment ce qu'il peut penser. Qu'est-ce que ça peut lui faire que je passe mon samedi à astiquer mon camion quand je suis pas dans le bois. Pis le soir, j'ai ben le droit d'aller montrer mon camion à qui je veux. Tu comprends, c'est interdit en ville de se promener dans les parcs publics avec un 4 x 4... »

« Mais là n'est pas mon propos. C’est pour te raconter que la nature, des fois, est drôlement plus forte qu’on pense. Enfin je me comprends. Je veux dire que j'ai fait rire de moi par un
oiseau. Ça m’a fait drôle. J’avais les deux jambes plantées dans un herbier et, le plus délicatement du monde, je faisais voltiger ma soie munie d'une bonne grosse mouche de ma confection. »

« J'avais de l’eau jusqu’aux cuisses, et le fond m'apparaissait comme sur un écran géant tellement l'eau était belle. Tout près de moi, un superbe héron bleu pêchait lui aussi. Sauf que lui, il prenait du poisson! Je le regardais avancer lentement, puis rester sans bouger un bon moment. Le grand cou de l'échassier formait une sorte de « S », comme s'il se préparait à se donner un élan. Et c’est ce qu'il faisait. Un coup sec, ultra rapide et splash, c'était pas long qu’il avait un poisson dans le bec. Et c’était pas des petits menés, non monsieur. J’aurais bien voulu les voir mordre à ma ligne ces poissons-là! Tellement gros, les poissons, que le grand héron bleu avait de la misère à les avaler! J’ai même vu un poisson se débattre tellement fort que je pensais que le cou de l'oiseau allait se tordre... On sait jamais, y a peut-être eu un torticolis... »

« Mais ce que j'aimais moins, c'est que l'oiseau des marais reluquait toujours dans ma direction après chaque poisson capturé... comme si y me trouvait un peu niaiseux de ne rien prendre... Je donne pas toujours de nom à mes mouches, mais celle-là, je l'ai baptisée le grand héron bleu à la pistache! »

« Tiens, je vais te la montrer, elle est dans la boîte du pick-up. Tu veux un autre cornet en attendant? »...


« …! »

  Daniel Lefaivre

mardi 16 juin 2015

Une situation embarrassante à la pêche

                                                                

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Crédit image: https://pixabay.com/
Quelques heures de pêche, tout ce qu’il y a de plus banal. Du moins, en apparence. Germain et Raymond, tous deux dans la cinquantaine, ne sont pas des mordus de la pêche, loin de là.
Mais l'occasion se présente et les deux hommes d'affaires se laissent séduire par la beauté du site, et surtout par le prestigieux terrain de golf qui domine la Vallée. Après tout, quelques
heures sur le lac ne les empêcheraient pas de jouer au golf demain, encore une fois... Et puis le
« vendeur » avait l'air d'insister, alors il ne fallait pas le vexer. Eux, Germain et Raymond,
étaient les « clients V.I.P » qui se faisaient gâter par cet important représentant qui avait bien l’intention de poursuivre cette lucrative relation d’affaires. Ils s'offraient un long week-end  
« sur le bras du représentant », alors autant en profiter... « Prenez mes lignes, prenez tout mon équipement, ça vous fera du bien », disait le vendeur. Hier vous avez joué au golf, aujourd'hui vous ferez un peu de pêche, ce soir ce sera un souper gastronomique et demain je vous réserve une petite balade en hélicoptère pour que vous puissiez admirer la région, avant votre autre partie de golf. »

Le vendeur traitait ses hôtes avec soin. Va pour la pêche. Germain s'y connaissait un peu, Raymond pas du tout. Et Raymond éprouvait énormément de difficulté à manier la canne et à coordonner ses mouvements afin d'obtenir de bons lancers.

— Dis-moi donc, Raymond, les femmes au bureau disent que tu portes une perruque, c’est pas vrai hein? Demanda Germain avec un petit rire moqueur.
— À vaut pas d'la marde sa canne à pêche! S’exclama Raymond.
— Ben non, répliqua Germain, c'est parce que t'as pas le tour.
— R' garde la poulie, la corde est toute mêlée dedans! Lança à nouveau Raymond.
— C'est pas une poulie, c’est un moulinet, expliqua Germain. Va-t-il falloir que je fasse comme au bureau, que j't'explique tout ce que tu dois faire?  Pêcher, c'est pourtant pas compliqué...
— Hé là! Un peu de respect pour ton supérieur, gueula Raymond, c'est pas parce qu’on est dans la nature que tu peux te défouler de même! R'garde, à lance pas sa maudite canne...
— Plie plus ton poignet, expliqua Germain. Non, pas comme ça, tu vas me l'envoyer dans face!
— Veux-tu ben m'dire comment ça marche c'te patente à gosse? demanda Raymond, visiblement irrité.
— Enlève ton doigt... non, pas celui-là. Tiens ton manche par en haut, non! Défais le nœud là, passe dans la boucle...
— Bon, cé tout pogné en haut d'la ligne à c’t’heure... vociféra Raymond, au bord de la crise de nerfs.
— Han! Ça mord! dit Germain.
— C'est pas juste, pleurnicha Raymond.
— C’est bizarre, ça tire pus. Mais ma ligne est pliée!
— J'te gage que té pris dans un tuyau d’égout... commenta Raymond.
— Ça s'en vient, ça s'en vient, m’en va le savoir tout d’suite, dit Germain. C'est plutôt bizarre un poisson qui tire pas. Non? Que cé ça? Hein!

Les deux hommes n'en croyaient pas leurs yeux. L'hameçon de Germain s'était planté sur un objet inusité. Un bâton de  golf, presque neuf, venait d'être repêché.

— Ben si cé ça la pêche, dit Raymond, j’aime autant laisser faire... pis continuer à jouer au golf. Ça ressemble pas aux poissons qu'on nous montrait à p'tite école!
— Ça va mordre, décourage-toi pas... fit observer Germain d'un ton calme et rassurant.
— Cou ’donc, tu me niaises-tu?  Riposta Raymond. Toi, ta maudite ligne, à marche, tu sors un bâton de golf de j'sais pas où, pis tu restes calme! Y a sûrement une caméra de cachée
quelque part, cé une sorte d'insolence que tu me prépares, hein? Ben ça pogne pas avec moi ça, cé tu clair?
— Les nerfs... tenta Germain.
— Parle-moi pas sur ce ton, j'te l'ai déjà dit! M'a t’crisser dehors, ch'capable, tsé! Ah, Pis c’est assez. On s’en va. J’en ai jusque-là de me faire venter.

Au même instant,  toujours empêtrer avec sa canne qui lui faucha la tête, aidé par une rafale qui agita le plan d’eau, Raymond senti sa perruque se soulever et la vit se  projeter dans l’eau…
— Ben voyons. Té donc ben nerveux, choque-toi pas pour...
— Ah! cria Raymond. Ma perruque, rajouta-t-il tout bas?
Devant un tel spectacle, Germain s'étouffait de rire. Il profita du moment pour se rappeler que les femmes du bureau avaient raison, le patron portait une perruque et ne tenait pas à
ébruiter la nouvelle. Après avoir bien rigolé, Germain était prêt à donner un coup de main pour repêcher « l'épave ».
— Ben oui, y a de quoi rire, moi je pêche un bâton de golf et toi, une perruque! Attends que j’raconte ça, y vont se tordre en deux! ajouta Germain avec un reste de rire.
— C’est pas une perruque, c’est une prothèse…
— Appelle ça comme tu veux…

Raymond aurait eu besoin d'une soupape de sécurité pour faire évacuer toute la colère accumulée au visage. La vapeur allait bientôt lui sortir par les oreilles... Il gardait un visage bleu
et un regard froid. Il ne tenait pas à ce qu’on sache qu'il portait une...  C’était son secret. Même si tout le monde s’en doutait…
— Bon d'accord, perds-la pas de vue, dit Germain, j'vais ramer. Destination la touffe!
— Une chance qu'à flotte, risqua Raymond péniblement.
Germain ramait avec une curieuse cadence. Un coup pour la rame, un coup pour se tenir le ventre. Il disait :
— J'te reconnais pas! Ça change quelqu’un, pas de cheveux!

La perruque imbibée ne ressemblait plus qu'à une grosse motte de poils qui dérivait au hasard du courant. Cela ressemblait à une anémone dont seule la tête apparaissait à la surface.
Rendu à proximité de la perruque, Raymond s'étira pour saisir sa coiffe si précieuse. Mais, à cet instant, une énorme truite surgit du fond de l'eau pour sauter sauvagement sur la touffe de
poils! Le poisson, croyant gober une mouche géante ou un rongeur poilu, s’était élancé de toutes ses forces vers ce qu’il croyait être un mets de choix...

— Ma...Ma… perru… pleurnicha Raymond tout à fait décontenancé par les événements.

Après quelques minutes de vociférations de la part de Raymond, dans un langage que nous devons censurer...
— Ta... Ta... Ta moumoute, fit observer Germain, est remontée à la surface. La truite a compris que ça se mangeait pas! On va pouvoir la repêcher!
— Pis à va avoir l’air de quoi, ma perruque? demanda Raymond, peu optimiste, lui qui se voyait déjà devant le vendeur, obligé d'inventer quelques excuses!

Raymond savait qu'il se retrouverait devant le représentant avec pas plus de deux possibilités. La première, Raymond chauve, Raymond devenu subitement chauve. La deuxième, Raymond échevelé, Raymond échevelé et détrempé uniquement de la tête avec une coiffe écrapoutie. Raymond avec une moumoute à moitié bouffée par un poisson. Et pas d'excuses en perspective...à moins de trouver une casquette au plus vite.

— Passe-moi le bâton de golf, demanda subitement Raymond.
— Pour quoi faire? répliqua Germain.
— Pour te démolir le portrait! gueula Raymond au bord de la dépression. Cé toé qui as monté ce coup-là, voyons donc, voir si un poisson va sauter sur une moumoute, sur une perruque, ça pas
d'allure!
— Ben t'as pourtant vu comme moi! Je l’ai pas apprivoisé la truite! Faut pas t'en prendre à moi...
Devant la dépression nerveuse, le découragement et la rage au cœur de son compagnon, Germain se ravisa et rassura le chauve :

— D'accord, je conterai pas ça au bureau. Juré, craché.
Raymond semblait rassuré. Il en avait grand besoin.
— J’ai le goût de te remercier, dit-il.
Et Germain de rajouter :

— Mais dans un bureau, tout finit par se savoir...

Daniel Lefaivre

lundi 11 mai 2015

Bouh! …la suite

                                                                                         

Histoires de pêche, Daniel Lefaivre, blogue de pêche, pêche au Québec
Crédit image: https://pixabay.com/
Il aura fallu que passent deux saisons avant que nos joyeux lurons partent à nouveaux à la pêche ensemble, mais cette fois, en formation réduite. Pour cette occasion, trois hommes et une femme allaient former l'équipe du tonnerre en remplissant à pleine capacité la carte mémoire de l'appareil photo de souvenirs impérissables et de poissons formats jumbo.

Réal s'était remis du mauvais coup qu'on lui avait servi et conservait malgré tout  un agréable souvenir de son voyage de pêche avec ses amis.  Denis, qui avait planifié le bon tour, comme il disait, avait tourné la page mais tentait encore de convaincre ses coéquipiers en justifiant  que     jouer des tours fait partie de la dynamique humaine. « Qui aime bien châtie bien » répétait-il à qui voulait bien l’écouter.

Claude et Manon étaient les plus discrets du groupe et les plus introvertis.  Claude prendrait place avec Réal dans l’embarcation en aluminium, tandis que Manon allait accompagner Denis dans la chaloupe de bois.  D'un commun accord, il fallait éviter que Réal et Denis se retrouvent dans la même galère car on ne peut pas dire qu’ils avaient beaucoup d’atomes crochus. Il valait mieux pour tout le monde que les duos soient formés d’avance.  Rien de pire que de passer le week-end à entendre deux lascars s’engueuler à longueur de journée sur des sujets aussi anodins que sur la bonne longueur du bas de ligne à utiliser...

C’est donc dans une pourvoirie en Mauricie que nos amis pêcheurs allaient passer ces quelques jours de pur bonheur dans la nature.  Chacun avait de grandes ambitions secrètes, mais tous avaient en commun ce sens de la compétition.


Mais certaines personnes étaient plus sur leur garde que d'autres.  Par exemple, Denis se doutait bien que l'heure de la revanche allait  sonner, tôt ou tard. Il lui était impossible de déduire si quelque chose allait se passer aujourd’hui plutôt que demain. Un vent de mystère planait doucement en cette belle journée d’été.

On avait remarqué que Réal faisait souvent des pas rapides aux alentours des bécosses et de la douche extérieure en dissimulant quelque chose. Denis  l'avait vu fouillant dans un coffre de pêche qui ne lui appartenait pas.  Manon suspectait le comportement parfois étrange de Réal qui réapparaissait spontanément dans le groupe alors qu’on n’avait même pas remarqué son absence.  Les rumeurs commençaient à se frayer un chemin parmi le chant des criquets et des grenouilles, le soir venu. Il se préparait quelque chose, c'était certain.  Une revanche ou une vengeance? 

Ça sentait le mauvais coup!

Mais personne n'avait de preuve ni de doute raisonnable basé sur une observation précise...
C’était peut-être ça, le tour.  Susciter suffisamment de doute pour que tous les pêcheurs se sentent constamment en équilibre sur une corde raide?

Au matin, à une heure plus que paresseuse, les amis se préparaient à partir en expédition quand deux agents de la faune firent irruption.

Deux solides gaillards, qui n'avaient pas l'air de vouloir fraterniser et qui avaient un sourire de bœufs. 

Un des deux pointa du doigt Réal en l'invectivant:

-toi, tes papiers!
Tremblant, Réal fouilla dans son porte-monnaie afin d'y trouver tous les papiers qu'on lui demandait.  L'important, il le savait, était de ne pas contrarier ces messieurs qui n'avaient pas envie de rire.

-Voilà dit-il, je crois que tout y est...
-Vous savez que vous êtes dans une zone où il est interdit de pêcher avec des vers de terre?
-Euh, je n'étais pas au courant, mais je n'en ai pas sur moi...
-Ne joue pas au plus fin avec nous, toi, oui toi aussi, tes papiers, demanda l'agent à Denis.
-Je suis en règle c'est certain, de répondre Denis.
-C'est votre embarcation? demanda l'agent encore à Denis.
-Oui oui, ben c'est celle de la Sepaq, mais c'est mon équipement qui est là...sauf pour les vers, c'est Réal qui les a mis dans la chaloupe je crois...

-méchant pissou lui lâcha Réal, oui c'est moi qui ai acheté les vers, vous voulez voir ma facture?  C'est aussi moi qui ai placé les vers dans la chaloupe, bon, pis après, ça ne fais pas quelqu'un en possession de vers hors de tout doute...

-Toute personne en possession de vers de terre est passible d'une amende pouvant aller jusqu'à un maximum de 500$ pour une première offense, dit l'agent.  Les vers, ça contamine les lacs, vous êtes pas au courant? Tous les deux, veuillez ouvrir votre coffre de pêche s'il vous plaît.
-Y a peut-être un malentendu, poursuiva Réal en ouvrant son coffre, bon d'accord j'ai quelques hameçons et quelques plombs mais ça ne prouve pas que j'avais l'intention de pêcher avec des vers.
-Ne m’obligez pas à vous passer les menottes, affirma l'agent de la faune à Réal qui était tout blême, au point où on croyait qu'il allait s'évanouir.
-Me semble que vous y aller un peu fort, rouspéta Denis, on a des droits vous savez?
-Placez vos mains sur le toit de la camionnette, jambes écartées svp, lança l'agent à Denis qui, lui aussi, trouvait que la situation était totalement ridicule, on pouvait certainement s’entendre, non?
-Quoi?  Ça va pas non? lâcha Denis, je ne me laisserai pas faire de même!
-Vos mains sur le toit et vos gueules!

La situation se corsait, c'est le moins qu'on puisse dire!  Réal allait bientôt faire dans ses culottes et pèter une autre crise d'angoisse, tandis que Denis, les mâchoires serrés, se jurait que ces deux agents allaient lui payer ça.  Il allait appeler son avocat à la première occasion!
Denis obtempéra et demeurait stable, les mains sur le toit, jambes écartées, tandis que Réal, figé par la peur, craignant les menottes, fixait des yeux son coffre de pêche qu'il tenait toujours.  Le deuxième agent s'approcha du coffre de Denis pour le scruter plus à fond.
-Hum, il n'y a que des accessoires pour pêcher avec des vers dans votre coffre, monsieur.  Il n'y a même pas une cuillère ou un devon!
-Qu'est-ce que vous dites? Hurla Denis, je rêve!  Y a quelqu'un qui a fouillé dans mon coffre, c'est impossible, je veux parler à mon avocat!  Je haïs la pêche au vers!
-Vous êtes en état d'arrestation, monsieur, à partir de maintenant, tout ce que vous dites pourra être retenu contre vous.  On va vous lire vos droits. Les frais encourus pour votre voyage de pêche ne pourront être ni réclamé, ni remboursé.
-Comment? Comment?  Vous m'arrêtez?  Et les autres?
-Nous avons suffisamment de preuves pour vous arrêter, vous d'abord, pour les autres on verra ensuite. Tu peux lui lire ses droits? demanda l'agent à son collègue.
-Ouais dit l'autre agent, mais avant je dois procéder à la fouille du suspect...
L'agent fouilla Denis comme on le voit dans les films, partant du haut, les poignets, le cou, le dos, la poitrine, afin de s'assurer qu'aucun objets illicites ne soient dissimulés dans ses vêtements.
Les mains de l'agent se promenaient partout sur le corps de Denis, toujours accoté sur le véhicule, jambes écartées, comme un voleur de bas étage.
Manon dit à voix basse:
-Ça va mal finir c'histoire-là, voyons donc, Denis n'est pas un bandit!
Puis elle marmonna :
-Encore moins un braconnier, renchérit-elle...
Puis l'agent fouilleur passa sa main dans le califourchon de Denis et dans un mouvement brusque et sec, il lui empoigna l'entre jambe en criant soudainement:
-J'ai quelque chose!
Sous le choc Denis sursauta en laissant les mains sur le toit du véhicule tout en lâchant un abominable cri de stupéfaction.  La situation était intenable et l'intensité de la fouille faisait paniquer tout le groupe.
-T'a trouvé quelque chose? demanda l'agent.
-Non, finalement je croyais avoir trouvé une cachette à vers...mais j'ai juste trouvé un petit asticot...lâcha l’agent avec un sourire en coin.
-Hé, jura Denis à ses copains, il m'a poigné la poche l’Ostie!  Y a pas le droit de faire ça!
Réal alla puiser tout ce qui lui restait de courage pour prononcer ces quelques mots :
-Messieurs, il doit y avoir un malentendu…
-Ta gueule toi, on t’a sonné?
C’était la consternation. Comment des agents de protection de la faune pouvaient-ils se comporter de la sorte?  Le week-end de pêche était vraiment foutu, à l'eau, et jamais on allait se remettre d'un tel malheureux événement.
-Bon maintenant tu peux lui lire ses droits, lâcha l'agent à son collègue.
-Votre nom?
-Denis…
-Denis, vous êtes criminellement responsable d'avoir poigné la poche à Réal et de lui avoir fait faire un saut de  trois mètres en faisant une mauvaise blague lors de votre dernier voyage de pêche.
On entendit Claude et Manon éclater de rire.  Réal esquiva un malicieux sourire, tandis que Denis tentait de réaliser ce qu'il venait d'entendre.
-Quoi? C'est une blague? Est pas drôle votre farce, lâcha-t-il, vexé de s'être fait prendre au piège.
Réal se bidonnait, il riait à chaudes larmes et ne cachait pas sa fierté!
-Je te l'avais dit qu'un jour, ce serait ma revanche. Tu vois Denis, t'as mordu à l'hameçon!  Je te présente deux bons amis à moi qui ne sont pas plus agents de protection que moi, mais qui logent au chalet juste à côté.  Je prépare ce coup depuis longtemps! Les uniformes ont été loués dans une boutique de costumes...pis ces gars-là sont des comédiens extraordinaires! À leur place, j’aurais pas tenu, comment ils ont fait pour pas éclater de rire? 
-Laisse-moi le temps de me remettre de mes émotions, soupira Denis…
-Prends tout le temps que tu veux, lui répondit Réal, en attendant je vous offre du café, il est prêt, ensuite on ira pêcher!  Ah j’oubliais, je vous présente mes deux amis…

Daniel Lefaivre