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« Mais là n'est pas mon propos. C’est pour te raconter que la nature,
des fois, est drôlement plus forte qu’on pense. Enfin je me comprends. Je veux
dire que j'ai fait rire de moi par un
oiseau. Ça m’a fait drôle. J’avais les deux jambes plantées dans un
herbier et, le plus délicatement du monde, je faisais voltiger ma soie munie
d'une bonne grosse mouche de ma confection. »
« J'avais de l’eau jusqu’aux cuisses, et le fond m'apparaissait comme
sur un écran géant tellement l'eau était belle. Tout près de moi, un superbe
héron bleu pêchait lui aussi. Sauf que lui, il prenait du poisson! Je le
regardais avancer lentement, puis rester sans bouger un bon moment. Le grand cou
de l'échassier formait une sorte de « S », comme s'il se préparait à
se donner un élan. Et c’est ce qu'il faisait. Un coup sec, ultra rapide et
splash, c'était pas long qu’il avait un poisson dans le bec. Et c’était pas des
petits menés, non monsieur. J’aurais bien voulu les voir mordre à ma ligne ces poissons-là!
Tellement gros, les poissons, que le grand héron bleu avait de la misère à les
avaler! J’ai même vu un poisson se débattre tellement fort que je pensais que
le cou de l'oiseau allait se tordre... On sait jamais, y a peut-être eu un
torticolis... »
« Mais ce que j'aimais moins, c'est que l'oiseau des marais reluquait
toujours dans ma direction après chaque poisson capturé... comme si y me
trouvait un peu niaiseux de ne rien prendre... Je donne pas toujours de nom à
mes mouches, mais celle-là, je l'ai baptisée le grand héron bleu à la pistache! »
« Tiens, je vais te la montrer, elle est dans la boîte du pick-up.
Tu veux un autre cornet en attendant? »...
« …! »
Daniel Lefaivre