Un beau doré pris à l'aide d'un harnais à ver, lac Saint-Pierre, août 2016 |
À la pêche, il y a aussi des modes et des pratiques qui ont
la palme et qui se modulent au gré du temps. Les manufacturiers de leurres
contribuent aussi à orienter, ou du moins à présenter des nouveautés qui seront
parfois ignorées, parfois adoptées par les pêcheurs. Et au-delà de tout, il y a
le poisson qui, pour des raisons obscures, boude le leurre qui vous a tant
donné de succès au cours des années passées.
Quand je m’attarde devant les étalages dans les magasins de
pêche, je constate que sur le plan de la couleur, il peut y avoir une mode qui
changera la saison prochaine. Le jaune, le brunâtre, le chartreuse et le noir
ont tous eu leur saison! Observez bien ce que vous avez dans votre coffre,
particulièrement pour les devons et les corps de plastique souple! Tout comme il est facile d’affirmer qu’en ce
moment, la mode est aux poissons-nageurs et aux cuillères ondulantes aux
couleurs hyperréalistes et contrastantes!
Une tendance lourde vient de l’observation des pêcheurs
d’achigans au Canada et aux États-Unis qui pratiquent le « catch and release » depuis bien des
années. Ceux-ci ont en effet remarqués
que l’achigan s’habitue aux différents appâts présentés, si bien que tant les
fabricants de produits que les pêcheurs doivent faire preuve d’ingéniosité pour
présenter sans cesse à la fois de nouvelles offrandes originales et attrayantes,
mais aussi des « nouveautés » que le poisson n’a jamais observées. Peut-on parler de « mémoire » chez
le poisson? Ce n’est rien de scientifique, mais la question mérite d’être posée!
D’ailleurs une étude du Technion Institute of Technology*a démontré que les
poissons peuvent avoir une mémoire surprenante.
Certains observateurs m’ont fait remarquer un changement
dans le comportement du poisson depuis les nouvelles règles de pêche qui limitent
la longueur (minimum et maximum) de certaines espèces comme le doré et le
touladi, règles en place depuis déjà quelques années. Comme il se fait beaucoup plus de remises à
l’eau qu’autrefois pour d’autres espèces que l’achigan, il est permis de croire
que le doré, la ouananiche et le touladi, pour ne nommer que ces espèces, ont
aussi développé cette capacité d’emmagasiner et de conserver une information
en lien avec la chasse, l’alimentation et les offrandes des pêcheurs. Avec le
temps, encore ici, certaines espèces auraient donc développé une
« mémoire » des mauvaises expériences (on ne m’y reprendra pas trois
fois!) et une « lassitude » à
voir défiler un leurre suspicieux (tiens, encore un tube…) !
Tout ce préambule pour en arriver au fait que j’ai
remarqué des tendances actuelles en ce qui a trait aux techniques et leurres
favorisés par les pêcheurs que j’ai côtoyé. Ce n’est rien de rigoureusement
scientifique, mais chose certaine, ce que j’y relate est directement en lien
avec des pêcheurs qui cherchent à déjouer le poisson qui connaît maintenant la
chanson.
1. Le
harnais à ver
Tout comme bon nombre de
leurres, le harnais à ver existe depuis la nuit des temps. D’aussi loin que
j’ai pu reculer dans l’histoire des leurres de pêche, celui-ci trouve ses origines au début du 20ième
siècle. Autant dire qu’il a fait ses preuves! On le retrouve sous toutes sortes
de formes et de modèles. Son dénominateur commun consiste en un montage d’hameçons
sur fil d’acier, monofilament, tressé ou
fluocarbonne, muni d’une ou plusieurs petites cuillères tournantes, avec dans
la plupart des cas, quelques billes de couleurs flottantes ou calantes. La
simplicité au fond du lac! On y ajoute habituellement son inséparable ami, le
marcheur de fond!
D’origine, le harnais à ver
était destiné pour la pêche au doré. Ce leurre a été délaissé quelque temps
par des pêcheurs qui souhaitaient plus d’actions avec des leurres plus
« actifs » et « combatifs » et qui se lassaient de prendre
à la traîne des perchaudes qui volaient le montage avec un gros lombric. Et
bien le harnais à ver a la cote en ce moment, la grande variété peu
dispendieuse de modèles sur le marché nous permet de l’utiliser autant pour les
salmonidés, achigans, brochets et bien sûr pour le doré!
Mais aujourd’hui, le harnais
à ver, contrairement à son nom d’origine,
ne sert plus seulement à enfiler un bon gros lombric! Tous les leurres souples qu’on retrouve dans
les bagages des pêcheurs actuels peuvent
être utilisés avec le harnais à ver, et
c’est là qu’il prend une tout autre dimension!
Pour la pêche à la traîne ou
à la dérive, le harnais à ver muni d’un marcheur de fond est redevenu à la
mode. N’hésitez pas à en faire l’essai et si la zone le permet, pourquoi pas
avec une sangsue pour la pêche au doré, avec une imitation de poisson de type Gulp Alive,
ou encore avec un gros Curly Tail de Mister Twister. Vous apprécierez cette
vielle technique qui revient au goût du jour.
2. Poisson-nageur à plongée rapide
2. Poisson-nageur à plongée rapide
Très
populaires, les poissons-nageurs munis d’une palette de plongée prononcée ont la
cote auprès des pêcheurs multiespèces.
On y retrouve la catégorie des DT-10 et
autres de Rapala, les flickers shad de Berkley, les célèbres Wally Diver de
Cotton Cordell qui reviennent en force et les Reef Runner pour ne nommer que
ceux-ci.
Leur
dénominateur commun?
Ils plongent à au moins 10 pieds de profondeur avec très
peu de fil déroulé. D’ailleurs à ce chapitre, voici une petite recette secrète
qu’un pêcheur m’a révélée. Il est souvent profitable de laisser le leurre tout
près du moteur lorsque vous pêchez à la traîne.
N’ayez crainte, le poisson ne sera pas effrayé par le bruit et les
vibrations de l’hélice. C’est même une
idée reçue de penser qu’il faut toujours pêcher très loin derrière
l’embarcation pour plusieurs espèces comme l’arc-en-ciel, l’achigan, le brochet
et le doré. Cette méthode a été empruntée chez les pêcheurs de maskinongé.
Aujourd’hui, bien des pêcheurs ont recours à cette façon de faire, même avec
des dériveurs de surface.
Pour
poursuivre avec cette petite recette secrète, on déroule juste assez de fil
pour que le leurre rejoigne la fin du manche de la canne, et on rajoute une
longueur équivalente à celle de votre manche.
Pas plus.
Autre avantage, vous
pourrez sentir instantanément les algues qui viennent « mordre »
votre poisson-nageur et il vous sera plus aisé de les retirer rapidement sans
perdre votre temps à nettoyer votre leurre plutôt qu’à pêcher!
Cela vaut la peine de se familiariser avec
cette technique et ce type de leurre.
Les
poissons-nageurs à plongée rapide et profonde font partie des tendances
actuelles. Vous vivrez une nouvelle expérience en vous familiarisant avec ceux-ci.
Pour
apprendre facilement comment faire un vrai nœud de drop shot :
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3.
Le drop shot
Cette
technique de pêche se répand plus vite que je ne l’aurais crû. Les pêcheurs se sont passé le mot, c’est
certain! La technique du drop shot, ce poids qui est maintenu au fil par un
simple pincement fait fureur au lancer, à la verticale et aussi à partir de la
rive. Plusieurs modèles d’hameçons
propres à cette technique existent sur le marché, même si je n’hésite pas à utiliser des hameçons
conventionnels. Par contre j’accorde une grande importance au nœud qui
maintient l’hameçon en ligne parallèle avec le fond de l’eau. J’ai aussi
recours très souvent à des hameçons no 4 et no 6, même pour l’achigan.
Je
laisse une distance de trois pieds entre l’hameçon et le poids pour débuter, et
je raccourcis le montage selon la situation.
C’est l’avantage des poids à pince pour le drop shot, on peut modifier
la longueur du fil en une seconde. Une
chose importante à retenir, il faut laisser suffisamment de mous pour faire
danser l’appât, une fois que vous avez atteint le fond de l’eau.
4. Montage
d’une tête de jig
Parmi les tendances
remarquées, le montage d’un leurre souple tend à changer légèrement. Et comme ce sont souvent les petits détails qui
font la différence à la pêche, celui-ci a mérité mon attention. Sans doute due à la nouvelle réglementation
qui interdit presque partout au Québec l’utilisation de ménés vivants ou morts,
sauf en hiver dans certaines zones, une nouvelle habitude semble s’être
installée. En effet, j’ai remarqué que les pêcheurs ont moins recours au
montage traditionnel d’un leurre souple sur une tête de jig, c’est-à-dire en
l’enfilant complètement sur l’hameçon selon la technique recommandée par les
manufacturiers.
On opte plus pour un montage minimaliste en piquant le leurre
par la bouche ou la tête comme on le ferait avec un méné. Selon certains,
l’effet réaliste est décuplé et les morsures courtes ne sont pas plus
fréquentes qu’à l’habitude avec le doré.
Il est ainsi plus facile de
donner un effet de poisson en fuite en donnant de légères secousses. Le poids
de la tête plombée donne aussi de l’impact au mouvement, pourvu qu’on n’accorde
pas de mou dans la ligne et ce, avec un ou l’autre des montages.
Voilà donc une autre tendance
actuelle qui préconise une méthode traditionnelle de montage de méné avec cette
fois, l’emploi d’un leurre souple. Et ce ne sont pas les variétés qui manquent
sur le marché!
5. Les
cuillères ondulantes
5. Les
cuillères ondulantes
Vous souvenez-vous à quand
remonte la dernière fois que vous avez utilisé une cuillère rouge et blanche
pour pêcher le brochet? Comme mentionnés en introduction, les poissons de
bonnes tailles ont probablement vu passer trop souvent ce type de leurre. Et c’est peut-être pourquoi, à la vue des
dizaines de nouveaux modèles mis en marché chaque année, que j’ai abandonné
sans vraiment m’en rendre compte un certain type de cuillère ondulante.
L’attrait de la nouveauté a son charme!
Bien que les cuillères
ondulantes de type Williams ont toujours la cote auprès des pêcheurs de
truites, j’ai observé toutefois que les pêcheurs, tout comme moi, utilisent les
cuillères ondulantes Williams or ou argenté. Leur efficacité est légendaire et
ici, je n’ai pas observé de relâchement de la part des gros brochets pour ce
type de cuillères. Quelles soient unies ou martelées, cela peut être une
question de préférence ou d’habitat des carnassiers. Le centenaire de la compagnie a peut-être
aussi eu une légère influence sur leur utilisation, puisque Williams présente
un assortiment de cuillères pour l’occasion en plus d’organiser un concours qui
prend fin en décembre (2016). Je vous invite à consulter l’article suivant à
cet effet, sur les leurres de pêche de collection.
6. Les
phéromones
Oui,
vous avez bien lu! Le titre de cet article fait référence à cinq tendances
actuelles à la pêche! Alors qu’en réalité, je ne peux passer sous silence une
sixième tendance qui semble attirer l’attention de bon nombre de pêcheurs. Et
j’ai décidé de ne pas officiellement inclure
et calculer cette « nouveauté », tout simplement parce que je
n’ai jamais utilisé ou essayé ce type de produit dont j’entends parler de plus
en plus. Par exemple, on retrouve à la
Ferme Monette des produits pour la chasse et la pêche en ligne https://monetteoutdoor.com/shopping/ et il est aussi possible d’en trouver dans un grand
nombre de points de vente. Mieux connu par les chasseurs, les phéromones sont
en fait des substances chimiques émises par la plupart des animaux et qui
contribuent à émettre des « messages » dans différentes sphères de
communication en lien avec la sexualité, le territoire ou l’alimentation.
Toute
l’information sur les phéromones : http://www.fermemonette.com/nouvelles/pheromones-lheure-juste/
Il
existe une panoplie de produits selon l’espèce désirée (truite, doré, etc.) et
je me promets d’en faire l’essai pour la saison 2017.
Voilà,
je ne peux vous en dire plus, ni émettre d’opinion, ni vous dire si j’ai un
préjugé favorable ou pas pour la pêche. Mon but est de souligner cette tendance
et j’aurai bien l’occasion de vous en reparler lors d’une prochaine chronique
de pêche!
Vendredi 19 septembre 2016, un beau doré de 53 cm (légal en zone 7) capturé avec un harnais à ver.
Vous pourriez être aussi intéressé par cet autre article : Les 10 erreurs les plus fréquentes à la pêche.
Daniel Lefaivre
Blogue de pêche
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