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mercredi 13 juillet 2016

Sauve qui peut!

                                                                        

Histoires de pêche, Blogue de pêche, Parlons Pêche, Daniel Lefaivre

Sauve qui peut!



La matinée était grise et triste. Pas un rayon de soleil à l'horizon et l'épais brouillard qui pesait lourd sur la colline tardait à se dissiper. Au-dessus du lac, on aurait juré qu'une toile d'araignée retenait dans ses fils des nuages si sombres et si denses que l’orage n'annonçait rien de bon pour la pêche.

Gilbert et André avaient déjà mouillé leur ligne. Ils s'étaient dissimulés dans les buissons, attendant qu'une petite truite vienne agiter une mouche sèche. Mais il y avait quelque chose d'anormal : le frisson de la veille ne les avait toujours pas quittés. Ils avaient passé leur soirée en compagnie de plusieurs amis, à parler de morts, de revenants, de fantômes, de vampires et de soucoupes volantes. La nuit fut courte et le sommeil fragile. Tous ensemble, ils avaient réussi à se donner la frousse. Chacun de son côté revivait ces émissions de chasseurs de fantômes avec des images en noir et blanc. Chacun de son côté revivait ces émissions où des spécialistes des objets volants non identifiés nous montrent de superbes photos de soucoupes provenant de la planète Mars…

Sans prononcer un mot, les deux pêcheurs restaient immobiles, l'un assis, l'autre accroupi, les yeux braqués sur le lac. Le froid, l'humidité et les souvenirs de la veille avaient de quoi les faire frissonner.

Tout à coup, un large rayon lumineux traversa le ciel, fit une raie dans les nuages et échoua sur la colline, tout près des pêcheurs. Le vacarme provoqué par la lumière qui filait à basse altitude avait inquiété les pêcheurs. Était-ce un appareil supersonique? Un éclair phénoménal? Un mort vivant qui revient de l’au-delà? La réponse n'allait pas tarder.

Car cela bougeait dans la forêt. Et la chose bougeait même en direction des pêcheurs. Il ne ventait pas, et pourtant des branchages et des rameaux s’agitaient. Quelques sons incongrus étaient aussi perçus des pêcheurs.

Gilbert commençait à s'affoler. Cette lumière intense, ce fracas, et la brume qui n'aidait en rien, tout cela était-il un simple événement naturel et cohérent? Les deux pêcheurs échangèrent un regard dont la signification était claire : puisque de toute façon le poisson ne mord pas, pourquoi n'irions-nous pas déjeuner?... et tout de suite!

Mais, trop tard. Un être étrange observait déjà le moindre mouvement des deux hommes. C'est André qui, plus sensible, avait «flairé» quelque chose. Son regard s’était immédiatement orienté en direction de la forêt où il put voir une forme vivante écarter les branches et les feuilles et regarder dans sa direction. Gilbert, affolé, avait déjà abandonné sa canne à pêche, mais la peur lui rivait les jambes au sol.

L'être étrange s’avança. On put alors distinguer que sa poitrine était d'un vert grenouille, qu'il avait une petite tête jaune ou quelque chose du genre, et qu’il faisait osciller une antenne de gauche à droite, comme pour mieux se diriger. Il ne faisait pas un mètre de haut et semblait malhabile à se mouvoir en forêt.

C'en fut trop! Gilbert se sauva à toutes jambes, abandonna son équipement, piqua au travers des buissons, sans emprunter le sentier et se retrouva, essoufflé, épuisé, blanc comme un drap, devant sa conjointe qui faisait une petite marche matinale sur la route pavée.

— Écoute, dit-il à moitié mort, y a un extraterrestre qui... y a une chose verte et jaune, avec une antenne, et puis ça bouge, et puis c'est un extraterrestre qui... ou un loup-garou... enfin je sais pus...Reste pas là, c’est dangereux!

Inquiète, la conjointe tenta de le calmer, car elle ne comprenait pas grand-chose à tous ces éclats. Elle lui demanda ce qu'il advenait aussi de son frère qu'il avait abandonné.
Gilbert n'eut pas le temps de répondre. Il tremblait comme une feuille et sa voix s’était aiguisée.

— Vite, sauve-toi, c'est une espèce de grosse bibitte, au secours!...

Par chance, on pouvait entendre André qui arrivait au bout du sentier, transportant l'attirail de pêche des deux hommes et accompagné... d'un jeune gamin, imperméable vert, bonnet jaune et canne à pêche à la main! C'était le petit Pierre des voisins qui avait eu la permission de rejoindre nos deux braves.

La foudre l'avait un peu ébranlé étant donné qu’elle était tombée près de lui, mais petit Pierre se portait très bien.

Gilbert s'est longtemps senti le dindon de la farce quand André se mettait à raconter l'histoire des extraterrestres! Et quand sa compagne s'amuse aujourd'hui à décrire l'état de panique du pauvre Gilbert, la moquerie et le rire sont au rendez-vous!

 Daniel Lefaivre
Blogue de pêche


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