Ce printemps, on m’a volé mon
moteur hors-bord. Je sais que cet incident ne figure que dans le palmarès des
faits divers et combien quotidiens de notre société. N’empêche que j’ai raté la moitié de la
meilleure saison de pêche. Privation, paperasse à régler, rapport à rédiger,
horaire de loisir chamboulé et frustrations sont venus combler mon « espace
pêche » habituel, ce qui a soulevé toute ma grogne. Sans compter que je
tentais de combler ce « creux barométrique », ce vide existentiel en
surmultipliant les vidéos de pêche et en regardant tout ce qui se faisait dans
ce domaine sur les médias sociaux. Je voyais d’un œil jaloux ceux et celles qui
exhibaient leur trophée avec fierté et qui exprimaient leur passion pour la
pêche avec preuve à l’appui…
Ainsi privé momentanément de mon
embarcation me plaçais dans une situation où je perdais tous mes repères, où
l’hiver durant je n’avais eu qu’une idée fixe, reprendre le large, me retrouver
sur l’eau avec ma modeste chaloupe de pêche. Je me sentais comme un loup de mer noué au
port.
Pour savourer et vivre pleinement
le bonheur que me procure la pêche, une fois le choc amorti, je n’allais pas
laisser filer sous mon nez une saison déjà trop courte en ne faisant que
maugréer, même si dans ce domaine, certains me considèrent comme expert. Si je
ne peux me rendre au milieu de la rivière, je peux certainement la contourner
et pêcher sur ses abords! Alors c’est ainsi que j’ai découvert des endroits et
des façons différentes de pêcher. D’abord parce que peu de choix s’offraient à
moi et que j’allais donc devoir être créatif. Ensuite parce que l’idée de faire
autrement se préparait déjà depuis un bon moment, presque inconsciemment, comme
une pensée cachée dans des herbiers, attendant le bon moment pour me surprendre.
Puis mes pensées sont devenues plus claires, une onde de choc au bout de la
canne qui me force à réagir sans faire de faux pas en devinant d’avance quelle
espèce s’agite au combat.
J'ai eu un plaisir fou à pêcher
la marigane au flotteur coulissant ou avec des micro jigs (Atomic teasers) dans
quelques mètres d'eau. D'ailleurs, non seulement cette espèce n'est à peu près
pas pêchée, mais pratiquement inconnue des pêcheurs. Je n'ai pas noté le nombre
de fois où des pêcheurs ont sursauté en me disant « tu pêches de la
marig...quoi? »... Et tout ça à pied en bordure d’une rivière ou sur un
quai! Mais n’allez pas croire que ce n’est qu’un poisson destiné à l’initiation
des enfants, si votre leurre est trop près de la surface ou du fond, ces
poissons vont se foutre de votre gueule! Avec cette espèce , il faut trouver le
juste milieu et cela fait partie du trill…
Daniel Leclair posant fièrement avec une belle marigane. Pour en connaître davantage sur cette espèce et l’utilisation des leurres et techniques, je vous invite à visionner l’épisode de Pêche en ligne, première saison, disque deux, « Panfish pour tous ». Vous y verrez que ce petit poisson est très combatif et qu’il se donne des allures d’achigan quand le combat s’amorce. |
J'ai aussi tenté timidement
quelques lancers à la mouche. Je viens d'y découvrir un monde fascinant et je
compte bien faire l'expérience d'un bas de ligne pour brochet que je pourrais
adapter au monofilament de mon lancer léger, c'est à suivre. De récupérer la
mouche lentement en ramenant la soie tout en maintenant une tension à
l'extrémité de la canne n'est pas une mince affaire, mais je compte bien
maîtriser cette technique au cours des prochaines saisons.
Je perfectionne quelques nouveaux
nœuds complexes et je prends plaisir à mémoriser mes gestes afin d’en venir un
jour à pouvoir les faire aussi aveuglément que les lacets de mes chaussures!
Voilà une autre façon de faire
qui me pousse à expérimenter, par curiosité, comment devenir un meilleur
pêcheur. Je réalise que d'orienter mes pratiques habituelles vers des horizons
nouveaux m'oblige à parfaire mes connaissances tant sur le plan de la technique
que sur la connaissance générale des espèces convoitées.
Le plus
important que je retiens de mon expérience est le fait de sortir de sa zone de
confort peut nous amener à nous dépasser, à découvrir des techniques ou des
façons de faire insoupçonnables. Inspiré du film Moneyball qui défait certains
paradigmes et qui nous pousse à chercher dans des sentiers inexplorés, outre les notions de sabermétrie
décrite dans le film, j'ai amorcé
une saison de pêche un peu de cette manière. Je me suis dit que j'allais
quitter mes vieilles pantoufles, mon confort habituel où je pêchais trop
souvent avec des automatismes. J'ai dû réapprendre à sélectionner la bonne
approche en fonction de réalités halieutiques différentes.
Ce film m'a aussi motivé à tenter d'autres approches. Il y a plusieurs années, un conférencier du monde des affaires disait « Si vous voulez faire des ventes que vous n'avez jamais faites, il faut faire des choses que vous n'avez jamais faites! » Riche de ce genre de réflexions, j'ai donc transposé cet adage
Ce film m'a aussi motivé à tenter d'autres approches. Il y a plusieurs années, un conférencier du monde des affaires disait « Si vous voulez faire des ventes que vous n'avez jamais faites, il faut faire des choses que vous n'avez jamais faites! » Riche de ce genre de réflexions, j'ai donc transposé cet adage
"Si vous voulez faire une pêche que vous n'avez jamais faite, il faut pêcher comme vous ne l'avez jamais fait!"
Ce qui m'a poussé à connaître encore mieux les habitudes de nouvelles espèces, à redevenir le chasseur en moi qui traque (et non le passif qui attend), à chercher de nouvelles techniques et des espèces différentes, tout en stimulant ma créativité et mon sens critique. Si je décide d'aller taquiner le brochet, ce sera différemment; techniques, leurres et habitat, tout en recherchant la satisfaction de découvrir quelque chose de nouveau, même si parfois cela peut sembler subtil... J'aurai au moins le sentiment d'avoir exploré quelque chose de nouveau.
J’ai
redécouvert aussi les sentiers du parc de la rivière Doncaster en me baladant le long du cours
d’eau, tantôt en empruntant le côté plus escarpé, plus sportif de la rivière,
tantôt en prenant une marche sur le côté plat et nivelé. Dans les deux cas, j’ai
capturé de belles mouchetées en explorant une multitude de petites fausses tout
au long de mon parcours. Se retrouver en pleine nature à deux pas de Montréal,
avec le torrent comme ambiance vous donne cette chaleureuse sensation de
liberté qui confirme qu’il n’est pas toujours nécessaire de piloter un bolide
pour profiter d’une belle journée de pêche!
Dans le domaine de la nouveauté,
je n'ai pas tout fait d'un seul coup en une demi-saison. Je me promets
cependant certaines découvertes pour de futures expéditions, comme de pêcher la
carpe, mais là, pas n'importe laquelle, de la grosse, très grosse carpe!
Je me promets de découvrir une
autre facette de la pêche à gué, celle où on doit faire preuve de doigté et de
patience pour pêcher ce poisson! Comme pêcheurs, on a tous déjà capturé cette
espèce par accident la plupart du temps, mais rarement avec un poids
record! Quand on parle de faire les choses différemment, voilà un bel
exemple d'un nouveau type de pêche à explorer!
Thierry Rimbaud, guide de pêche multi-espèces vous fera découvrir la pêche à la carpe. Il pourra vous initier à cette espèce, car l'équipement et la technique diffèrent passablement des autres modes de pêche. Pour vivre des sensations différentes, pourquoi ne pas explorer la pêche à la carpe? Frissons garantis!
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Un autre petit détail que j’ai
trop souvent négligé, mais qui fera partie des résolutions pour la prochaine
année consiste à suivre un cours accéléré avec un professeur privé qu’on
appelle plus communément, un guide de pêche! C’est incroyable tout ce qu’on
peut apprendre en une seule journée avec un pro! À titre d’exemple, Thierry
Rimbaud, guide de pêche professionnel en Mauricie, pourra vous faire découvrir
la ouananiche, la grise ou encore l’arc-en-ciel en vous prodiguant des trucs et
conseils qui vous serviront pour toutes vos futures sorties.
Et puis il y a ces kayaks de mer qui sont de plus
en plus utilisés par les pêcheurs. Je vous invite à découvrir cette pratique en
visionnant certains topos sur WFN. J'avoue que je suis fasciné par ce type d'embarcation
et que j'ai hâte d'en faire l'expérience! Il m'arrive parfois d'imaginer
une saison de pêche sans les tracas reliés à l'entretien et la
réparation de moteur! Quelle sensation de mettre son embarcation à
l'eau sans utiliser obligatoirement une rampe de mise à l'eau!
Il s'est passé quelque chose de particulier
avec l'événement du vol de mon moteur: en profiter pour changer mes habitudes. Je
n'avais plus d'intérêt à laisser mon embarcation à un point fixe pour tout
l'été. J'avais le goût de vivre de nouvelles expériences, d'explorer
différentes facettes de la pêche jusqu'ici négligées chez moi, par exemple, de
pêcher trop souvent de la même manière, fidèle à des habitudes dont je ne saurais
expliquer les origines. J’ai
redécouvert le « street fishing » en réalisant que je pratiquais ce
type de pêche à l’adolescence, en parcourant les quatre coins de la ville en
vélo… Pourquoi ne pas revivre aussi cette activité avec une seule canne et
quelques leurres? . Le "fun noir" que j'ai eu à pêcher la marigane, à
pied, en bordure d'une rivière fera partie à coup sûr de mes prochaines
petites expéditions. Et tant mieux si on continue à me demander « tu
pêches quoi...? »
Maintenant équipé d’un nouveau
moteur, je vais aussi poursuivre l’exploration du Memphrémagog, de la rivière
des Mille-Îles et de quelques lacs des Laurentides en abordant la pêche d’une tout
autre façon. Je vais trainer mon bateau un peu partout et consacrer plus de
temps à la lecture de mes cartes marines.
Avec l’interdiction de pêcher la perchaude pour
plusieurs années au lac Saint-Pierre, avec une future règlementation sur
l’utilisation interdite de la pêche au méné, avec l’introduction involontaire d’espèces
indésirables, avec des lois sophistiquées sur les grandeurs des poissons, avec
la gestion en club privé et sélect des descentes de bateaux dans certaines
municipalités, le pêcheur d’aujourd’hui n’aura d’autres choix que de continuer
à s’adapter à de nouvelles façons de faire et à s’impliquer encore plus dans
les débats.
Inutile d’attendre qu’un événement personnel
survienne pour pêcher autrement.
Daniel Lefaivre
><((((º> ·° ºoO
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