Quel est votre niveau de patience à la pêche? |
Dans ce blogue sur la pêche, pouvez-vous répondre à cette question?
À partir de quel moment est-il temps de déclarer ceci ?
« Bon…ben…heu…ça ne mord pas, il
est maintenant temps de changer de spot… »
Ou bien est-ce quand vous avez trop étiré l’élastique de votre patience?
Après dix minutes? Un
avant-midi? Une heure? Et si vous aviez fait un autre dernier lancer ou une autre dernière passe à cet endroit précis? Peut-être
auriez-vous pêché le trophée de votre vie?
Que se serait-il passé si, au bout du compte, vous aviez fait 150 derniers lancés au lieu de partir vers
un autre endroit?
À la patience succède la ténacité, la persévérance! Combien de fois m’a-t-on raconté qu’on avait
fait le bon choix en décidant de persévérer dans un endroit qui, depuis le
début, s’avérait totalement nul. Et
combien de fois m’a-t-on aussi raconté
l’inverse?! D’autres fois, la patience
se transforme en action, en attitude
moins passive… À la pêche, le seul principe
de la prospection rapide peut suffire à justifier l’équation « être à la
bonne place, au bon moment »… et au diable la patience!
Entre ces 2 extrêmes,
j’ai tenté de savoir comment la patience à la pêche peut influencer nos
décisions et notre comportement. À
Sylvain Robert, guide de pêche professionnel,
à qui je demandais ce que représentait la patience pour lui et à quel
moment il est temps de « lever le camp », il me répond qu’il n’est vraiment pas du genre à perdre
son temps. De tempérament actif, Sylvain
ne demeure pas en place très longtemps.
Par exemple à la traîne, après deux passes, s’il ne s’est rien passé, il est grand temps pour lui d’aller prospecter
ailleurs. C’est pour ça, dit-il, qu’il
est important de bien connaître son plan d’eau.
« Dès que ça ne mord pas, je change de spot. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de connaître beaucoup d’endroits qu’on a mémorisé ou marqué sur le GPS, afin d’accélérer la prospection. »
« Dès que ça ne mord pas, je change de spot. C’est pour cette raison qu’il est essentiel de connaître beaucoup d’endroits qu’on a mémorisé ou marqué sur le GPS, afin d’accélérer la prospection. »
J’ai en tête cette image fixe, et pourtant, je regardais un
documentaire sur la chasse au phoque, où l’Inuit, totalement immobile,
attendait que l’animal passe au travers
de l’ouverture pour venir respirer. Le
trou avait été creusé dans la glace avec des outils rudimentaires et l’Inuit
était à genoux, le bras étiré jusqu’au ciel en tenant son harpon. Puis plus rien, on aurait dit un arrêt sur
l’image. J’ai pensé qu’on allait à une
pause publicitaire. Mais non, le film
roulait toujours car tout à coup un
petit texte au bas de l’écran nous indiquait en accéléré le temps qui
passait. Ce chasseur avait la même
position des statuettes qu’on trouve dans les boutiques de souvenirs. Et le temps passait toujours… Après 3 heures de totale immobilité, les
muscles sans doute ankylosés et les réflexes probablement gelés par ce froid
polaire, il décocha tout de même son harpon à la vitesse de l’éclair et toucha
la cible.
Mais quelle patience me suis-je alors murmuré! Comment arrive-t-il à faire cet exploit? Moi qui ne tient pas plus de trente secondes
accroupi dans la position du receveur au baseball, j’arrivais à peine à croire
ce que je venais de voir! Pouvez-vous
imaginer que votre prochaine sortie de pêche en sera une de longue attente,
sans broncher d’un poil de mouche, sans vous ouvrir une bière, en sachant que
vous ne quitterez pas votre site tant
que vous n’aurez pas pris un poisson? Difficile
à imaginer, surtout dans notre monde en perpétuel mouvement! En langage d’aujourd’hui, on pourrait dire
qu’il y a quelque chose de « zen » dans cette façon d’attendre
l’événement de façon aussi immuable et sage.
On pourra aussi évoquer une sorte de génétique blindée propre à des êtres
humains issus d’un environnement particulier.
Mais qu’en est-il de la patience et particulièrement à la pêche?
Plusieurs pêcheurs m’ont raconté ne pas trop savoir sur quel
pied danser avec cette question. La plupart des gens que j’ai interrogé ont
tendance à se fier à dame nature et à la chance, particulièrement quand ils ont
comme objectif de capturer une grosse prise.
Mais quand je leur demande ce qui se serait passé s’ils avaient
persévéré avec le même leurre, ou à la même place, les réponses sont partagées.
C’est
toujours l’éternel dilemme, m’ont-ils racontés.
On ne peut jamais prédire ce qui se serait passé si on avait pris une
voie différente, c’est comme pour la vie
quoi! Mais j’ai entendu très souvent des
commentaires fortement associés à la récompense qui vient après l’effort, la ténacité, voire même l’opiniâtreté! C’est comme si la persévérance s’apparentait
à l’effort soutenu de persister à pêcher
malgré la bredouille qui s’annonce évidente
et que la prospection rapide est davantage reliée à une pêche sans mérite! Voyons donc, prendre un poisson rapidement et
sans effort, c’est de la chance. En
prendre un après des heures de travail, c’est de la persévérance!
En ce qui me concerne, la patience à la pêche, c’est l’art
de savoir attendre sans pogner les
nerfs! !
Mais la patience n’est pas synonyme d’ennui, ou d’inactivité. C’est aussi tout le contraire de la
passivité car dans de telles situations, le temps est suspendu et le pêcheur
devient souvent dans un état de
fébrilité où le simple fait d’imaginer ce qui pourrait se produire dans une
seconde suffit à créer toute la magie de ce loisir si unique! D’ailleurs, n’est-il pas étonnant de remarquer que dans beaucoup
d’histoires de pêche, on glisse souvent
cette petite perle étrange « …et
au moment où je ne m’y attendais le moins,
ma canne s’est subitement courbée... » Assez cocasse n’est-ce pas? C’est comme si les
pêcheurs baissaient la garde, comme s’ils prenaient une pause de patience,
comme s’ils mettaient l’attente…en attente!
Et bizarrement, c’est toujours dans ces moments qu’il faut que le
poisson se manifeste!...
S’il y a une
notion difficile à transmettre aux plus jeunes, c’est bien la
patience ! Savoir
attendre ? « Pas
rapport » diront-ils ! Certains d’entre eux peuvent maintenant apprendre à
développer cette qualité dès le bas âge,
grâce à un camp de pêche spécialement destiné aux filles et garçons âgés
de 9 à 15 ans. Alec Delage, a mis sur pied ce qu’il nomme
judicieusement l’Académie
de pêche du Lac Saint-Pierre.
Ces camps de vacances permettent aux jeunes de s’initier aux rudiments de la pêche, de découvrir la richesse de l’écosystème, de savourer des écrevisses, de connaître l’anatomie des poissons, de faire du camping sur une île, et surtout, d’être récompensés par la capture d’un poisson ! Et on ne parle pas ici de crapets… Car les enfants ne pêchent pas avec des cannes en plastique coloré à l’effigie de Mickey Mousse ou de Némo !!! Ils ont droits à tous les égards d’adultes, encadrés par des professionnels de la pêche qui leurs prodiguent conseils, qui enseignent les techniques, qui transmettent les bonnes attitudes et qui leur apprennent que la patience est une qualité essentielle à la pêche.
Ces camps de vacances permettent aux jeunes de s’initier aux rudiments de la pêche, de découvrir la richesse de l’écosystème, de savourer des écrevisses, de connaître l’anatomie des poissons, de faire du camping sur une île, et surtout, d’être récompensés par la capture d’un poisson ! Et on ne parle pas ici de crapets… Car les enfants ne pêchent pas avec des cannes en plastique coloré à l’effigie de Mickey Mousse ou de Némo !!! Ils ont droits à tous les égards d’adultes, encadrés par des professionnels de la pêche qui leurs prodiguent conseils, qui enseignent les techniques, qui transmettent les bonnes attitudes et qui leur apprennent que la patience est une qualité essentielle à la pêche.
Après l’accueil et le mot de bienvenue, la première question qu’on aborde auprès des jeunes traite de la patience. On demande d’entrée de jeu quelle est la plus grande qualité du pêcheur ? La réponse ne se fait pas attendre ! Comme les vacances ont surtout lieu en juillet et août, les jeunes réalisent vite que la patience est un élément clé quand l’eau est plus chaude et le poisson moins actif. Ils savent dès leur arrivée que la patience jouera un rôle important dans l’apprentissage de ce sport où les récompenses se mesurent non seulement par la capture et la remise à l’eau, mais aussi en appréciant tout l’environnement naturel qui les entoure. Les enfants apprennent dès lors qu’on peut aiguiser sa patience en prenant des pauses et en appréciant un bon shore lunch ! Un jeune de l’Académie m’a confié ceci : « Quand tu aimes la pêche, c’est pas de la patience, c’est autre chose… Moi j’aime ça, attendre que ça morde… Même si des fois ça prend du temps, c’est jamais trop long ! »
J’ai demandé à Daniel Leclair, le pro de pêche en ligne, comment il abordait
la patience à la pêche.
« D’abord m’a-t-il dit, je suis patient de nature, mais à la pêche, je ne reste pas en place très longtemps ! La prospection est en quelque sorte un mode de vie, c’est pourquoi avec moi, c’est pas trop long ! Si ça ne mord pas, je change vite de place, il ne faut pas confondre entêtement et patience, après tout, on est à la pêche pour prendre du poisson ! Si je sais que le poisson est là mais qu’il ne veut pas mordre, je peux être du genre à faire un dernier lancer, tu sais, le genre de dernier lancer qui nous fait rester deux heures de plus à la même place ! Mais en général, je me promène pas mal, jusqu’à ce que ça morde, c’est de la patience, ça aussi. Même chose pour le musky, si ça ne mord pas, je change de place et pour moi mes nombreux déplacements ne sont pas une perte de temps. De toute façon quand on est convaincu qu’un endroit ne sera pas productif, ça vaut vraiment la peine de prendre du temps pour enfin trouver LE spot. »
« D’abord m’a-t-il dit, je suis patient de nature, mais à la pêche, je ne reste pas en place très longtemps ! La prospection est en quelque sorte un mode de vie, c’est pourquoi avec moi, c’est pas trop long ! Si ça ne mord pas, je change vite de place, il ne faut pas confondre entêtement et patience, après tout, on est à la pêche pour prendre du poisson ! Si je sais que le poisson est là mais qu’il ne veut pas mordre, je peux être du genre à faire un dernier lancer, tu sais, le genre de dernier lancer qui nous fait rester deux heures de plus à la même place ! Mais en général, je me promène pas mal, jusqu’à ce que ça morde, c’est de la patience, ça aussi. Même chose pour le musky, si ça ne mord pas, je change de place et pour moi mes nombreux déplacements ne sont pas une perte de temps. De toute façon quand on est convaincu qu’un endroit ne sera pas productif, ça vaut vraiment la peine de prendre du temps pour enfin trouver LE spot. »
J’ai voulu savoir auprès de Daniel Leclair comment il se comportait s’il prenait une belle prise du premier coup ?
« Si j’en ai pris un, j’ai tendance à penser qu’il y aura plusieurs autres poissons dans ce secteur. Alors là, ça vaut la peine de patienter plus longtemps. Mais si je prends une grosse prise au premier lancer, dès le début de la journée (et ça m’est arrivé plus d’une fois), alors c’est toujours en riant que je déclare, en toute connaissance de cause : Bon ben là, la journée va être super dure à partir de maintenant !... »
« Si j’en ai pris un, j’ai tendance à penser qu’il y aura plusieurs autres poissons dans ce secteur. Alors là, ça vaut la peine de patienter plus longtemps. Mais si je prends une grosse prise au premier lancer, dès le début de la journée (et ça m’est arrivé plus d’une fois), alors c’est toujours en riant que je déclare, en toute connaissance de cause : Bon ben là, la journée va être super dure à partir de maintenant !... »
J’ai aussi
demandé à Gaston Lepage comment il abordait la patience à la pêche. Ce comédien tellement sympathique qui n’a
plus besoin de présentation, est aussi un passionné de pêche, (pour ceux et
celles qui ne le savaient pas déjà !). Il m’a donné des réponses aussi savoureuses
que les poissons qu’il pêche !
Gaston, selon votre expérience, à quel moment est-il
temps de changer d’endroit quand le poisson boude nos offrandes?
« Si tu perds le goût de pêcher parce que ça ne mord pas, il est
probablement juste un petit peu trop tard pour changer de spot... Vaut mieux prendre une pause… »
Selon vous, existe-t-il une façon de déterminer clairement à quel moment l’endroit propice s’avère nul et qu’il est temps de le quitter ?
« Ça dépend de l'heure, de l'éclairage, de la température, voire même de la
météo. Mais si après une demi-heure,
avec différentes offrandes, on n'a pas eu d'action, vaut mieux déménager. »
« Tu me demandes
si je suis patient? Si je suis du genre
impatient qui prospecte un endroit de pêche en 5 minutes ou si je suis plutôt
persévérant, quitte à passer plusieurs heures au même endroit? Et bien, étant
pêcheur de saumon, je me dois d'être pas mal patient. On passe de grandes
journées sans avoir d'action, parfois des semaines et pour certains, l'insuccès
peut même se chiffrer en années... Et pourtant, au moment où on s'y attend le
moins, ça mord pour la peine. Et là, ça
efface tout ce temps de mortelle attente! Pour d'autres espèces comme le doré par exemple, je suis beaucoup plus
impatient. »
Et si vous aviez fait un autre
dernier lancer ou une autre dernière passe à cet endroit
précis? Peut-être auriez-vous pêché le trophée de votre vie? Comment abordez-vous
la patience à la pêche? Et justement, selon vous, s'agit-il de patience ou de
"timing"?
« Pour le timing parfait, bien heureux celui qui saurait dire avant
l'événement que c'est à coup sûr, un bon timing… À peine peut-il penser que les conditions
sont les meilleures, mais finalement, c'est quand même le poisson qui décidera.
Et c'est l'histoire de ma vie!!! »
Il nous est tous déjà
arrivé de prendre une belle prise dès le premier lancer. Puis de
s'acharner à pêcher au même endroit, sans aucun autre résultat. Dans ce
genre de situation, avec l'expérience acquise, combien de temps serez-vous
tenté d'y demeurer si une prochaine situation semblable se produisait?
« Ça m'arrive assez souvent, et puis ça tombe mort. Un jour avec
mon ami Patrice l'Écuyer, on s'installe sur la fosse à doré en arrivant au
chalet, et coup sur coup on prend immédiatement chacun un doré de 5 livres et
demi. Des jumeaux pour ainsi dire. On s'est dit qu'on allait passer une fin de
semaine fabuleuse. Bien ce sont les seuls dorés qu'on a pris de tout le voyage
!!! On a pourtant pêché presque tout le temps qu'on était là, mais rien n'y fit… »
Je mentionnais en début d’article que la
patience, c’est l’art de savoir attendre sans pogner les nerfs…À la lumière des différentes personnalités
interrogées, je rajouterai que c’est aussi l’art de savoir attendre le bon
moment, ce qui ne signifie pas que l’attente est une forme d’inaction, au
contraire, la recherche, l’étude du milieu, la prospection font aussi partie de
l’action d’attendre! Après tout à la
pêche, on n’est pas barricadé dans une cache!
Mais ne me parlez pas de ce qui peut me faire perdre
patience… quand mon coffre se renverse, quand je vis un bris d’équipement,
quand mille bonnes raisons m’empêchent d’aller à la pêche ou que la météo fait
tout pour être contre moi… Ça, c’est
une autre histoire…
Daniel Lefaivre ><((((º>
·° ºoO
La patience dépend du poisson recherché (je suis impatient à l'achigan par opposition au saumon de l'atlantique), du plan d'eau, de l'équipement dont on dispose (je suis plus porté à me déplacer dans un bateau avec un moteur 150 forces qu'à gué ou dans une petite chaloupe avec une seule batterie qui a une limite d'énergie), de la diversité de nos leurres...
RépondreEffacerBref, à chaque situation sa patience.
Bon texte bien documenté. Bravo encore une fois.
Merci Jasmin! J'aime beaucoup ce que tu rajoutes, à chaque situation, sa patience.
RépondreEffacerÀ bien y penser, quand je suis dans une petite embarcation, j'ai la mentalité d'un pêcheur à gué, comme tu le mentionnes! Au plaisir!
Daniel